samedi 23 juillet 2022

L'Arche et le Canon

Pour le quarante-huitième cycle du Janus
quand la nuit absorbe le jour :

« De manière très synthétique, voici quelles sont les principales étapes de l'institution des Écritures chrétiennes.

- Justin qui écrit à Rome vers 150 relate qu'on lisait les « Mémoires des apôtres ». [ ... ]

[ Terme générique qui peut recouvrir l'ensemble des « Écritures chrétiennes » à l’exception de l'Apocalypse de Jean que le concile de Carthage n'ajoute au canon qu'en 397 ...

... ou un certain nombre d'évangiles que le « Diatessaron » rassemble (1) et dénombre (4) en syriaque vers 170. Eusèbe de Césarée l'attribue à Tatien le Syrien vers 325. ]

- Le premier à élaborer une sélection stricte de textes chrétiens fut Marcion. [ ... ]

[ Marcion ne retient que l'évangile de Luc avec les actes des apôtres et les épîtres de Paul à l'exception de l’épître aux Hébreux qu'Eusèbe mentionne pour la fin du IIe siècle.

Nous pensons qu'il s'oppose au « Nouvel Évangile » de Jean – celui du Théologien – qui avec son épître – la première des trois qu'on lui attribue – en fait la synthèse à partir des sources qui le précèdent. ]

- Le fragment de Muratori [ découvert en 1740 et daté du VIIIe siècle ] se réfère à Pie – évêque de Rome mort en 154 [ ou 157 ] – et affirme notamment ...

... l'existence à cette époque des quatre évangiles de Marc, Luc, Mathieu et Jean, des apôtres attribués à Luc ainsi que treize épîtres de Paul. [ ... ]

[ Ce qui n'exclut l’épître aux Hébreux que de la première moitié du IIe siècle puisque Pie reçoit sa consécration épiscopale vers 142.

Et qui fonde l'hypothèse d'une source non identifiée proposé par Friedrich Scheiermacher dès 1832 pour expliquer l'antériorité de Marc sur Mathieu dans le canon de Muratori :

... « car de nombreux passages communs aux évangiles de Luc et de Mathieu ne figurent pas chez Marc. » ...

« Friedrich Scheiermacher imaginait ce document hypothétique comme un recueil de paroles de Jésus.

« L'évangile de Thomas [ découvert à Nag Hamadi en 1945 ] qui comporte cent quatorze paroles de Jésus [ en copte ] a la même forme que cette source hypothétique ...

« ... [ mais ne correspond pas ] aux critères de correspondances avec les [ trois évangiles ] synoptiques recherchés par les biblistes. »

Par contre, les « Paroles secrètes que Jésus le Vivant a dites et qu'à écrites son Didyme Jude Thomas » ont un rapport évident avec le nombre des sourates dans le Noble Coran.

Et nous pouvons bien supposer l'existence d'une source antérieure mais comme origine d'un quatrième évangile élaboré à partir d'un témoignage du « disciple que Jésus aimait ».

L'identification de ce disciple bien-aimé à l'Apôtre Jean pourrait n'être qu'un artifice pour rassembler sous son patronyme et à l'hombre du Théologien toute la série de ces déplacements comprenant ceux des deux épîtres de Jean l'Ancien.

Nous avons pu identifier Jude-Thomas à « Dhû-l-Kifl » et à « Yuz Asaf » dans une série de patronymes qui reviennent à son personnage oriental et reconnaître Lazare comme le disciple bien-aimé qui témoigne en Gaule pour l’Église d'Arles.

Quant à Jean l'Ancien, les Actes des apôtres nous permettent de l'identifier à l'auteur du deuxième évangile qui apparaît ici comme le premier – dans le canon de Muratori – parce qu'il émane d'une source épiscopale et romaine cf. Ac XII 12 et 25 + XV 37.

Irénée de Lyon voit les choses autrement quelques années plus tard. ]

- Vers la fin du IIe siècle, Irénée – évêque de Lyon – dresse une liste des quatre Évangiles – Matthieu, Marc, Luc et Jean – qui constitue – selon lui – la « Bonne Nouvelle ». [ ... ]

Cf. Frédéric Lenoir [ et ] Marie-France Etchegoin – Code Da Vinci : L’enquête – L'empereur Constantin et le concile de Nicée – Apocryphes et canon des Écritures chrétienne (2004)

Mais aussi incroyable que cela puisse paraître, personne ne semble vouloir mettre cette liste en correspondance avec les prédications auxquelles elle correspondent :

- Celle de Matthieu aux « Hébreux » comprenant les Samaritains qui l'adresse ensuite aux Nazaréens puis aux Musulmans.

- Celle de Marc aux « Juifs » comprenant les Israélites qui sont restés à Babylone ou qui se sont installés en Judée dans le Nord de l'Idumée.

- Celle de Luc aux « Païens » comprenant les communautés chrétienne de l'Asie Mineure auxquelles s'adressent les épîtres de Paul et l'Apocalypse de Jean.

- Celle de Jean qu'on peut qualifier d'universelle puisqu'elle s'adresse à tous en refusant la partition entre les factions qui la précèdent.

Nous croyons du reste que tout cet ensemble est déjà contenu dans l'Arche aux huit passagers à laquelle font référence les deux épîtres de Pierre ; et le fait il y ait – en quelque sorte – un passager clandestin dans leur galère n'y change rien.

Il n'est donc pas nécessaire de reporter la rédaction de ces évangiles à la fin du Ier siècle comme on nous le propose mais d'y retrouver ce « Nouvel Évangile » qui leur succède alors que tout est déjà consommé et que la braise vient à peine de s'embraser.

Notre passager clandestin ne peut évidemment pas être l'auteur de l'Apocalypse ou celui de la première épître de Jean – l'Apôtre ou le Théologien – et pour les passagers de l'Arche originelle, on nous propose Noé, ses trois fils et leurs épouses.

Mais il a peu de chance qu'on retrouve ici une référence au huitième jour de la semaine que nous propose encore l'édition intégrale du Nouveau Testament puisqu'il s'agit avant tout d'une image du baptême – cf. 1 P III 19 à 22 et 2 P II 5 à 8.

De ce qui précède nous pouvons conclure que les huit corpus néotestamentaires datent de la première moitié du Ier siècle et se poursuivent avec les Actes des apôtres jusque dans les années 60.

La première épître de Jean et la réécriture du quatrième évangile datent de la fin du siècle et suscite dès le début du siècle suivant l'opposition des Marcionites qui leur préfèrent les corpus pauliniens – celui de Paul et celui de Luc avec les Actes des apôtres.

L'épître aux Hébreux fut sans doute écrite dans la seconde moitié du IIe siècle pour réconcilier les factions et l'Apocalypse de Jean pourrait bien dater de la période intermédiaire qui s'étend des Actes des apôtres au Nouvel évangile qui porte son nom.

Quant au témoignage du disciple que Jésus aimait, il est peu probable qu'il fut le premier puisque Matthieu et Marc l'ignorent tandis que Luc l'élabore dans sa parabole alors qu'il prend une place considérable chez Jean – cf. Luc XVI 19 à 31 et Jean XI et XII 1 à 11.

   

    

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