samedi 2 juillet 2022

Sur la terre d'Italie

Pour le trente-deuxième cycle du Janus
quand la nuit absorbe le jour :

« Ces traditions sur l'interdit des images [ Plutarque, dans sa Vie de Numa, attribue lui aussi au successeur de Romulus des positions analogues à celles des pythagoriciens ] sont à rapprocher d'une version propre à Denys d'Halicarnasse [ - 7 ], [ ... ]

« [ ... ] concernant les institutions de Romulus présentées comme une réforme des institutions grecques [ Le plus ancien culte romain, sous le règne de Numa, n'aurait connu ni statues ni temples. ] [ ... ]

« [ ... ] Denys [ d'Halicarnasse ] avait [ ... ] sous les yeux les Antiquités divines de [ Marcus Terentius ] Varron [ - 27 ], auxquelles il se réfère [ ... ] dans le prolongement de sa réflexion sur l'absence de mythologie divine à Rome, [ ... ]

« [ ... ] à l'occasion d'un développement consacré aux sacerdoces institués par Romulus. »

« Denys n'affirme pas que les Romains sont privés de mythes. Il dit simplement, en conformité avec sa théorie sur les origines de Rome que cette colonie grecque (sic) a été créée sous l'impulsion d'un fondateur – Romulus – qui se voulait aussi réformateur.

« Comme s'il avait lu la République de Platon [ - 347 ] – Romulus – chef des colons [ ... ], aurait décidé de renoncer aux vieux récits scandaleux [ de la littérature théogonique ] concernant les dieux [ sur les généalogies divines et les conflits de souveraineté. ]

« Denys d'Halicarnasse évoque, de ce type de récits, les occasions d'énonciations, occasions qu'on ne rencontre pas, selon lui, dans la vielle tradition romaine instaurée [ avant - 616 ] par Romulus. » [ ... ]

« Autant dire que les Romains, au moins dans le cadre de leurs plus anciennes et prestigieuses institutions religieuses, celles supposées héritées de Romulus, sont privés des contextes d’énonciation les plus propices aux mythes divins.

« La cité fondée par Romulus n'est pas coupable d'anthropomorphisme. Elle pratique une religion proche de celle des ancêtres décrits par Hérodote [ - 425 ], les Pélasges non encore influencés [ au VIIIe siècle ] par Homère et [ par ] Hésiode. »

Cf. Philippe Borgeaud – Aux origines de l'histoire des religions – [ jalons classiques ] [ pour] Quelques très vielles questionsAvant l'image, avant le mythe : la religion des origines (2004)

L'Ara Pacis Augustæ du 30 janvier de l'an 9 avant l’ère chrétienne [ instituée par le Sénat le 4 juillet de l'an 13 ] fait référence à la fin du règne de Tarquin le Superbe [ en - 509 ] pour que la royauté romaine renaisse des cendres du Phénix aux six mille lunaisons.

Le modèle impérial d'Auguste dans son acte de fondation fait référence à son fondateur – Romulus – et à toute la dynastie des six rois de Rome qui lui succède en insistant sur les trois premiers – Numa Pompilius, Tullus Hostilius et Ancus Marcius (- 616).

La charge pontificale fut créé par Numa Pompilius en 716 avant l'ère chrétienne. Auguste fit fermer les portes du Temple de Janus à trois reprises alors que depuis Numa, elles n'avaient été fermées que deux fois.

Cf. Alexandre Grandazzi – Auguste et l'invention de l'urbanisme mémoriel [ in ] L'empereur Auguste et la mémoire des siècles (2018)

« Varron situe l'apparition à Rome des premières statues divines sous le règne de Tarquin l'Ancien [ - 579 ] [ le quatrième roi de Rome ] un roi que l'on présente parfois comme d'origine grecque, [ ... ]

« [ ... ] et dont la tradition dit effectivement qu'il commanda à un artiste d’Étrurie l'image monumentale de Jupiter prévue pour le sanctuaire capitolin. » [ ... ]

Ce que Borgeaud décrit comme « une représentation idéalisée du passé de Rome. Un passé où les pratiques religieuses de l'Urbs sont rapprochées non seulement de celles des Judéens mais encore de celles des pythagoriciens et des Perses. » [ ... ]

« [ Pythagore ] [ écrit Plutarque ] croyait que l'être premier n'est ni perceptible ni sensible, mais invisible, incréé, inintelligible. Numa [ aurait ] interdit aux romains de représenter la divinité sous la forme d'un homme ou d'un animal. [ ... ]

« [ Les romains ] [ auraient cru ] [ pendant cent soixante-dix ans ] qu'il était impie d'assimiler des êtres parfaits à des êtres médiocres et qu'il n'est pas possible d'atteindre l'être suprême – « Le Très Bon »  autrement que par la pensée. »

Cf. Philippe Borgeaud – Aux origines de l'histoire des religions – Op. Cit. Ibidem (2004)

« [ ... ] ceux qui entrent dans les temples et se trouvent face à la statue du dieu [ ... ] [ ont le sentiment de voir ] le fils même de Saturne et de Rhéa, [ ... ]

« [ ... ] que Phidias a fait descendre du ciel [ ... ] et qui s'estime heureux lorsque, tous les cinq ans, on lui offre quelque sacrifice à Olympie. »

Cf. Philippe Borgeaud citant Lucien de Samosate (+ 180) Sur les sacrificesAux origines de l'histoire des religions – [ jalons classiques ] [ pour] Quelques très vielles questionsAmbivalence de l'image (2004)
   

Les âges et les dieux
 pour les jours de la Semaine 

Or

 Dimanche 

 Samedi 

 Saturne 

 Argent 

 Lundi 

 Vendredi 

 Vénus 

 Airain 

 Mardi 

 Jeudi 

 Jupiter 

 Fer 

 Mercredi 

   
« [ Vous aussi ] vous vous écartez [ ... ] de vos pratiques pour rejoindre celles des autres ; c'est aux fêtes juives [ ... ] qu'appartiennent le sabbat, le repas pur, et aux rites juifs l'allumage des lampes, les jeûnes avec les pains azymes, les prières sur le rivage, [ ... ]

« [ ... ] coutumes absolument étrangères à vos dieux. Aussi [ ... ] vous qui nous reprochez le soleil et son jour [ le dimanche ], reconnaissez votre proximité : nous ne sommes pas loin [ le samedi ] de Saturne et de vos sabbats !

Cf. Philippe Borgeaud citant Tertullien (+ 220) Aux nationsAux origines de l'histoire des religions – Genèse du comparatisme – Genèse du comparatismeL'attrait du sabbat, ou : quel sens donner aux rites ? (2004)
   

 La restauration théogonique à l'âge de Fer 
pour les jours de la Semaine

Janus

 Dimanche 

 Samedi 

 Saturne 

 Cronos 

 Lundi 

 Vendredi 

 [ Jésus ] 

 [ Énée ] 

 Mardi 

 Jeudi 

 Jupiter 

 Zeus 

 Mercredi 

   
« L'origine crétoise [ des Judéens ] est rapportée aux temps de Saturne [ autrement dit de Cronos ] le Père de Zeus, le roi de l'âge d'or. Renversé par Zeus [ autrement dit par Jupiter ] – Cronos [ autrement dit Saturne ] est exilé.

« Dans la version la plus répandue en Grèce – celle de la Théogonie [ d'Hésiode ] – [ Cronos ] est précipité dans la prison du Tartare, aux racines de la Terre. Mais dans la version qui domine à Rome, [ Saturne ] est exilé en direction de l'Ouest : [ ... ]

« [ ... ] soit jusqu'aux îles Britanniques où il dort entouré de démons [ d'où le nom de la mer de Cronos que la géographie antique attribue à la mer du Nord ] ; [ ... ]

« [ ... ] soit dans le Latium où il règne pour un temps, figurant comme un des premiers rois d'avant Rome et même d'avant Énée. [ Jusqu'à ce que Tarquin l'Ancien élève un culte à Jupiter sur le Capitole. ] [ Énée est un demi-dieu issu d'Anchise et d'Aphrodite. ]

« Saturne fut en effet le second roi du Latium, succédant à Janus. »

« Le Grec Denys d'Halicarnasse, qui débarque à Rome au moment où Auguste met fin à la guerre civile, déclare que ses recherches l'ont amené à constater que le site de Rome avait été consacré à Saturne avant même qu'Héraclès n'arrive en Italie.

« La preuve en serait un très ancien temple et aussi un autel de Saturne qui se trouvent au pied du Capitole quand on y monte depuis le Forum : « Le site était consacré à Cronos et appelé par des indigènes saturnien. [ ... ]

« Tout le reste de la péninsule appelée aujourd'hui Italie était placé sous la protection de ce dieu, ses habitants l'appelaient Saturnie, comme on peut le trouver dans certaines prophéties de la Sibylle et autres oracles rendus par les dieux [ ... ].

« En maints endroits du pays il y a des temples consacrés à ce dieu [ ... ]. De nombreuses cités portent le même nom que jadis l'ensemble de la péninsule [ ... ]. Cette divinité est éponyme de plusieurs site, en particulier des promontoires et des lieux élevés. 

Cf. Philippe Borgeaud Op. Cit. Moïse. Histoire de Grèce et de Rome – Les récits sur Jérusalem et les mécanismes de la comparaison chez Tacite (2004)

Le fils de la Vierge est la face juvénile du Janus. Sa face ancestrale est celle de Pan – le fils d’Hermès – ou celle de Poséidon [ autrement dit Neptune ] selon les versions.

« Sa serpe [ celle de Saturne ] n'est plus la faucille [ castratrice ] de Cronos, mais [ ... ] l'instrument de la moisson [ végétarienne ] telle que l'évoque Virgile [ dans ] sa deuxième Géorgique [ sous son règne on ne verse plus le sang – ni guerre ni sacrifice ]. [ ... ]

« Dans la quatrième Bucolique Virgile annonçait le retour de cet âge d'or [ que Borgeaud confond avec la Saturnie – grande mère des hommes et des moissons – que Virgile oppose à Jupiter et au festin « du meurtre des jeunes bovins » ] :

« Voici que revient aussi la Vierge [ ... ] que revient le règne de Saturne. »

Pour Borgeaud, la Vierge est « la Justice devenue une constellation » : c'est Vénus – Aphrodite ou Marie – enfantant le fils d'Anchise ou celui du Père céleste pour la terre d'Italie.

   

    

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