mercredi 20 juillet 2022

Dieu le Père

Pour le quarante-sixième cycle du Janus
quand la nuit absorbe le jour :

« L'exemple de Zeus [ ... ] est pour nous d'autant plus instructif que le nom de ce dieu dit clairement son origine : on y lit la même racine indo-européenne signifiant « briller » que dans le latin « dies » [ et ] « deus » [ ou ] le védique « dyeus ».

« Comme le « Dyaus Pita » indien [ ou ] comme le Jupiter romain, « Zeus Pater » [ ... ] prolonge directement le Grand dieu indo-européen du ciel.

« Cependant, entre le statut de ce Zeus grec et celui de ses correspondants en Inde et à Rome, l'écart est si manifeste, la distance à ce point marquée, que le constat s'impose, jusque dans la comparaison des dieux les plus sûrement apparentés, ...

« ... d'un effacement presque complet de la tradition indo-européenne [ dont la théorie n'apparaît plus dès lors vraiment avérée ] dans le système religieux grec. »

« Zeus ne figure dans aucun groupement tri-fonctionnel analogue à la triade pré-capitoline « Jupiter / Mars / Quirinus » où la souveraineté [ de Jupiter ] s'articule en s'y opposant à l'action guerrière [ de Mars ] et aux fonctions de fécondité et de prospérité [ de Quirinus. ]

[ Jupiter s'imposant par la suite sur le Capitole comme le dieu souverain. ]

« [ Zeus ] ne s'associe pas non plus – comme Mitra le fait avec Varuna – à une Puissance traduisant dans la souveraineté – à côté des aspects réguliers et juridiques – les valeurs de violence et de magie.

« Ouranos – le sombre ciel nocturne – qu'on a été parfois tenté de rapprocher de Varuna, fait couple dans le mythe avec Gaïa – la Terre – non [ avec ] Zeus. »

« Quand Zeus entre dans la composition d'une triade – ainsi qu'il le fait avec Poséidon et Hadès – c'est pour délimiter par leur partage des niveaux ou [ des ] domaines cosmiques :

« ... le ciel à Zeus, la mer à Poséidon, le monde souterrain à Hadès ; et à tous les trois – en commun – la surface du sol.

[ Mais ici les abysses de l'Océan et les entrailles de la Terre semblent partagées entre les deux régisseurs d'un seul domaine souterain qui les distingue du Père céleste. ]

« Quand il s'associe en couple [ avec ] une déesse, la dyade ainsi formée [ avec sa parèdre ] traduit des aspects différents du dieu souverain suivant la divinité féminine qui lui fait pendant.

« Conjugué à ou à Gaïa – la Terre-Mère – Zeus figure le principe céleste – mâle et générateur – dont la pluie fécondante enfantera dans les profondeurs du sol les jeunes pousses de la végétation.

« Couplé à Héra, [ Zeus ] patronne – sous la forme du mariage régulier producteur d'une descendance légitime – l'institution qui en civilisant l'union de l'homme et de la femme sert de fondement à toute l'organisation sociale ...

« ... et dont le couple formé par le roi et la reine fournit le modèle exemplaire.

[ Celui pour lequel la reine de l'archonte épouse symboliquement Dionysos. ]

« Associé à Métis sa première épouse qu'il avale pour se l'assimiler tout entière – Zeus roi s'identifie à l'intelligence rusée, l'astuce retorse dont il a besoin pour conquérir et pour conserver le pouvoir, ...

« ... pour assurer la pérennité de son règne et mettre son trône à l'abri des embûches, des surprises, des pièges que l'avenir risquerait de lui réserver s'il n'était pas toujours à même de deviner l'imprévu et par avance d'en détourner les périls.

« En convolant en seconde noce avec Thémis, [ Zeus ] fixe à jamais l'ordre des saisons dans la nature, l'équilibre des groupes humains dans la cité [ ... ] et le cours inéluctable des destinés. Il se fait loi cosmique, harmonie sociale et destin. »

[ On associera par conséquent Neptune ou Poséidon à Hadès en Hivers pour réserver Jupiter ou Zeus au Printemps. ]

Cf. Jean-Pierre Vernant (1987) – Mythe et religion en Grèce ancienneLe monde des dieux – Zeus, père et roi

On ne passe pas du christianisme dionysiaque au christianisme byzantin sans qu'il n'y ait déjà une ligne de fracture plus ancienne dans un édifice ecclésiale qui ne doit rien à l'édit de Milan (313) ou au concile de Nicée (325).

Cette fracture originelle apparaît dès les Actes des apôtres au moment où Pierre doit comparaître devant Hérode alors qu'un ange qui trahit ici une influence occulte dans la conduite de l'église le rend libre de ses actes – cf. Ac XII 6 à 12.

C'est à cette occasion qu'on apprend l'identité de Marc qui s'appelle Jean et qui se qualifie d'Ancien dans ses deux épîtres pour se distinguer de l'Apôtre sous le patronyme duquel le Théologien interprète l'évangile du disciple que Jésus aimait.

On le retrouve à Babylone auprès de Pierre où leur mission est alors de convertir les Juifs qui y résident à un projet politique et religieux – celui qu'Hérode élabore sans doute avec Pilate – dont le Christ a déjà fait les frais – cf. 1 P V 13.

C'est donc en vain que le deuxième évangile s'adresse à eux alors que celui de Matthieu qui servira de prototype aux Nazaréens devait s'adresser d'abord aux Samaritains que nous qualifions avec Paul d'une façon quelque peu générique d'Hébreux.

Il n'y a donc aucune raison valable de remettre en cause l'ordre canonique des quatre évangiles compte-tenu que la source du disciple bien aimé qui les précédait à du être considérablement remanié après celui que Paul adresse aux païens.

Rappelons que Paul est un citoyen romain et un « craignant-dieu » qui cherche à se convertir auprès des rabbins mais qui partage son origine galiléenne avec celle du Christ – c'est à dire une origine gauloise qui s'est hellénisée au pays de Canaan.

   

    

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