Les Karaïtes

Pour le vingt-cinquième cycle du cinquième mois de la décade
comprenant la nuit et le jour :

« La doctrine caraïte vit le jour au VIIIe siècle [ de l'ère chrétienne ] en Mésopotamie. La propagation de l'Islam et la formation du califat abbasside ouvrirent de nombreuses frontières dans tout le Proche Orient.

« Ce renouveau politique et culturel favorisa au sein du judaïsme un certain nombre de mouvements réformateurs d'inspiration essénienne. Le retour à une stricte observance de la Loi inspira de nombreuses communautés juives des bords de l'Euphrate. »

[ Dans son introduction, Faü réfute la présentation caricaturale d'un « groupe fossile néo-sadducéen en voie d'extinction » pour nous proposer ici ces « mouvements réformateurs d'inspiration essénienne » qui qualifient nos « sadducéens réfractaires ».

Mais il doit y avoir autre chose derrière ces réfractaires en marge du judaïsme rabbinique si on se souvient que les Pharisiens attendent un prophète dans l'évangile de Jean qui ne peut pas venir de Galilée selon les écritures mais d'une terre promise à Abraham.

De fait, les Caraïtes comme les Samaritains se sont intégrés à Islam où ils jouissait de la protection due aux gens du Livre dans le Noble Coran ; ce qui ne fut pas le cas des Bêtas Israël qui se sont agrégés à l'église éthiopienne. ]

« Un rabbin nommé Anan Ben David, d'une famille d'exilarques, rejeta toute référence au Talmud. Se basant uniquement sur l'enseignement de la Torah, il dénia tout pouvoir aux savants talmudistes, les « gaonim ».

« Anan accusait les institutions rabbanites de perdre l'esprit des Écrits dans le dédale de trop nombreuses lois.

« Popularisée par des écrits de qualité, la doctrine caraïte s'étendit à partir du IXe siècle parmi les communautés juives de Mésopotamie et de Perse, puis gagna les bords de la mer Noire.

« Elle se propagea ensuite en Palestine, arriva en Égypte, puis au Maghreb. Dans un même temps, des Caraïtes s’installèrent en Anatolie et dans les Balkans, alors partie intégrante de l'Empire byzantin.

« De là, ils gagnèrent le Caucase puis l'Europe orientale. L'absence de tout centre religieux, de toutes institutions spirituelles garantissant l'unité, transformait les relations inter-communautaires en lien vital pour leur survie. » [ ... ]

Cf. Jean-François Faü – Les Caraïtes [ pour la collection des ] Fils d'Abraham – Les sources (2000)

« Les caraïtes restent, comme tous les juifs, dans l'attente de la venue du Messie. Cependant leur croyances relatives à la conception du messianisme restent assez contradictoire et varient suivant les époques et les endroits.

« Ainsi les communautés caraites du Khorasan, dans le Nord-Est de l'Iran, restaient convaincues que le Messie était déjà venu et que le Second Temple correspondait à sa restauration sur le trône d'Israël. »

« Cette attente messianique était renforcée par l'abondance des images apportées par les prophètes, et en particulier Isaïe : description apocalyptique de séisme, déluges, fournaises et désolations ; Israël n'est pas épargné mais purifié.

« La conception caraïte, comme celle du judaïsme traditionnel, passe progressivement du Jugement de Dieu à l'idée de la purification d'Israël. »

« La double conception du Messie Roi et du Messie Prêtre fut admise par certaines communautés qui attendaient un fils de David pour le premier et un descendant d'Aaron pour le second.

« Même diversité d'interprétation pour le rôle d’Élie, précurseur du Messie, que certains attendaient au « Pays de Damas » auquel les théologiens caraïtes donnèrent un sens géographique large, [ ... ]

« [ ... ] celui de terre messianique destinée à devenir un point de départ pour le retour [ des Juifs ] en Israël. »

Cf. Jean-François Faü – Les Caraïtes [ pour la collection des ] Fils d'Abraham – Le messianisme (2000)

Le Messie du Second Temple doit correspondre à Esdras, le nouveau Moïse que le Noble Coran compare à Jésus dans un syllogisme – celui des négateurs – qui en fait le fils du dieu des Juifs. – cf. S 9 V 30

Sans doute faut-il y voir aussi le Messie Prêtre et le Messie Roi avec leur retour introduit ici par le prophète Élie au Pays de Damas là où les hadiths se représentent le combat du Christ et du Mahdi contre le dajjal et l’antéchrist.

Si ces croyances peuvent venir en partie du Noble Coran, celles qu'on attribue au Sceau des prophètes peuvent aussi venir indirectement des Caraïtes ou des Samaritains.