mercredi 5 mai 2021

Le secret de l'intercalation

Pour le quatorzième cycle du cinquième mois de la décade
comprenant la nuit et le jour :

« À ce jour, la communauté de Naplouse est dirigée par des grands prêtres héréditaires, le plus âgé de leur famille devenant automatiquement, en cas de décès, le titulaire de la charge.

« Depuis 1987, c'est Jacob ben Hasda qui régente ces Samaritains et qui détient certains secrets, notamment celui du calendrier, qui est fondamental, puisqu'il s'agit de fixer la date – l'année, le jour et parfois l'heure – de la Pâque et des autres festivités.

« À ce propos, Mme Sylvia Powels, la spécialiste de ce problème, nous apprend ce qui suit :

« Jusqu'à nos jours, les Samaritains entourent de secret les modes de calcul de leur calendrier, car non seulement le devoir et le privilège de ce calcul, mais aussi ses principes sous-jacents demeurent le secret de la famille des grands prêtres.

« Ce privilège garantissait au surplus leur prédominance au sein de la communauté samaritaine, qui aurait été compromise si le secret avait été révélé à un étranger. »

« À ce propos, Sylvia Powels rappelle qu'un souci analogue se retrouve dans d'autres cultures, notamment chez les Juifs, attesté par la formule « sod ha-ibur », « le secret de l'intercalation ».

« Elle décrit ensuite comment plusieurs générations de samaritanologues, de Scaliger à Gaster, ont cherché à élucider ce problème :

« Grâce à ces érudits, il est devenu possible de comprendre beaucoup de chose aux modes de calcul du calendrier samaritain. »

« Or, comme nous l'apprennent leurs chroniques, le secret samaritain était autrement [ plus ] hermétique que le secret juif, dont fait ouvertement état l'Ancien Testament – contrairement au Pentateuque samaritain.

« C'est que depuis le temps de Pinhas, le petit-fils d'Aaron, il était jalousement gardé par les grand prêtres, et nous touchons ici à l'essence tribale ou nationale, à la rigueur des observances [ ... ].

« Comme le précise Sylvia Powels, « conformément à la tradition, le calendrier faisait partie du « Livre des étoiles » que le Seigneur avait remis à Adam en même temps que le « Livre des guerres » et le « Livre des signes ».

« Adam l'aurait révélé à ses descendants : à travers Noé, Sem et Héber il parvint à Abraham, et finalement à Moïse, lequel enseigna ce système infaillible à Pinhas, ce qui permit à celui-ci d'établir la latitude du mont Garizim »

« Faut-il rappeler que l'astronomie est issue des besoins du culte ? Dans le cas des Samaritains, l'espoir d'un avenir meilleur était un besoin pressant,

« [ ... ] et leur calendrier permettait de calculer l'année à laquelle prendrait fin « l'ère de défaveur », attribuée à l'indignité du grand prêtre Élie, qui fut suivie par la disparition du Tabernacle de Moïse.

« Cette ère n'allait prendre fin que six mille ans après la création du monde – fixée selon le comput samaritain, qui, par rapport au comput juif [ qui commence 3.761 ans avant l'ère chrétienne ] l'antidate de 679 années... – [ ... ]

« [ ... ] et le Taheb libérateur [ qu'Isaac Ben Zvi qualifie de Messie ] allait apparaître mille ans après la naissance de Mahomet, c'est-à-dire vers 1571, lorsque la condition des Samaritains allait en s'agravant.

« Il ressort de ces calculs que cette année aurait pu leur être fatale, s'ils n'avaient pas été tenus secrets par la famille sacerdotale. »

Cf. Léon Poliakov – Les Samaritains – La tradition du secret [ au ] XXe siècle ] (1991)

Les six mille ans qui sont comme les six jours de la semaine et dans la Genèse biblique comme les six jours de la Création sont empruntés à une tradition vétérotestamentaire et coranique que le prince des apôtres reprend dans sa deuxième épître – cf. 2 P III 8 b :

« [ ... ] aux yeux du Seigneur un jour est comme mille ans
et mille ans sont comme un jour. »

« 3.761 » et « 679 » en font « 4.440 » avant la naissance du Christ et c'est d'autant plus remarquable que la calendrier universel du rite écossais en compte « 4.004 » là où celui du rite de York s'en tient au quatre premiers millénaires.

On ne peut songer qu'aux 444 ans des Centuries de Nostradamus et de la Prophétie des papes qui s'étendent sur cette durée à partir des dates qui se répartissent autour de 1571 dans un intervalle de trente-trois ans ou sur deux périodes de dix-sept ans.

« 4.440 » et « 1571 » font « 6.011 » mais c'est la naissance du Sceau des prophètes en 570 qui fait ici référence pour comptabiliser un dernier millénaire qui excède leur nombre (6) de onze ans.

Or, nous savons que le nombre des quatrains dans les centuries et les almanachs est de « 1.111 » et celui des devises pontificales de la prophétie en-deçà de sa légende finale, de « 111 » – nombre éternel du pôle pour les onze sceaux des cinq triades.

Il pourrait s'agir d'une série de coïncidences qui tournent autour des nombres « 17 » et « 33 » mais Scaliger apparaît ici dans le rôle du samaritanologue qui recueille la profession du mage se présentant à lui comme un prophète ...

« ... tel Mahomet de la tribu de Benjamin. »

« Σ 17 = 153 »

« [ ... ] sous le portail du musée Haaretz, l'archéologue H. Kaplan a dégagé une inscription en samaritain dont un tronçon – « reconnaît le transpercé » – lui a fait conclure qu'il s'agissait de reconnaître Jésus, [ ... ]

« [ ... ] et que l'emplacement [ à Tel-Aviv ] fut celui d'une synagogue samaritano-chrétienne.

« Cette interprétation ne tarda pas à être contestée ; [ ... ]

« [ ... ] il n'empêche que, dans leur ensemble, ces trouvailles permettent de conclure que les barrières entre [ ... ] Samaritains et Chrétien [ auxquels Poliakov associe les Juifs ] n'était pas aussi rigides qu'on le supposait communément. »

Cf. Léon Poliakov – Les Samaritains – Les promesses de l'archéologie (1991)

   

    

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