lundi 17 mai 2021

Le schisme d'Uzayr

Pour le vingt-troisième cycle du cinquième mois de la décade
comprenant la nuit et le jour :

« Depuis une date difficile à fixer [ la ] version du Pentateuque [ décrite par les chroniques des Samaritains ] différait de celle des Juifs par une variante des Dix Commandements et par l'emplacement de l'autel [ ... ]. »

[ « [ ... ] les scribes, tant juifs que samaritains, semblent avoir manipulé les textes sacrés : les premiers, en substituant Ébal à Garizim dans le Deutéronome [ XXVII 4 ] puisque, [ ... ]

« [ ... ] dans une version antérieure de plusieurs siècles au canon « massorétique » de la Bible, la version grecque des « Septante » [ qui ] remonte au IIIe siècle [ avant l'ère chrétienne ], c'est bien de Garizim qu'il s'agit ; [ ... ]

« [ ... ] les seconds, en trafiquant dans leur Bible à eux [ ... ] le texte du Décalogue, pour y introduire, moyennant la fusion des deux premiers commandements en un seul, un dixième commandement relatif à la sainteté du mont Garizim. » – cf. Ex XX 4-17 ]

« Quant aux chroniques, on ne s'étonnera pas d'apprendre qu'elles imputent aux Juifs la responsabilité du schisme.

« Bien que rédigées [ entre le ] XIIe et le XIVe siècle de [ l'ère chrétienne ], elles reposent sur des traditions mieux conservées par les Samaritains que par les [ massorètes ], comme le confirment leur style et leur lexique, proche de ceux de l'hébreu biblique.

« Ces chroniques sont au nombre de trois ; voici comment la plus laconique [ celle d'Adler que Poliakov qualifie de pastiche ], après avoir résumé [ ... ] tout le Livre de la Genèse, relate le premier grand conflit entre Samaritain et Juifs :

« Le prêtre Esdras, après son arrivée à Jébus, qui est aussi appelée Jérusalem, chercha le livre de la Loi, mais il ne le trouva pas chez les gens de sa communauté, parce que le roi d'Assyrie avait brûlé tous les livres des [ Israélites ] [ qualifiés de Juifs ].

« Esdras employa alors une ruse de sorte qu'il réussit à obtenir une vieille Bible déchirée d'un Samaritain.

« Les [ Israélites ] ne savaient pas alors la langue sacrée et ses caractères ; ils connaissaient d'autre langue que celle des Assyriens dans les villes desquels ils étaient restés pendant soixante-dix ans de captivité. [ celle des Juifs est datée de 586 à 538 ]

« Esdras le prêtre convoqua son ami Néhémie et tous les chefs de sa communauté et ils écrivirent la Bible en langue et caractères assyriens.

« Ils en modifièrent plusieurs mots, en les tournant dans un sens hostile aux Samaritains ; ils y ajoutèrent beaucoup de mots et en retranchèrent ... » [ ... ]

« C'est alors [ après la captivité ] qu'Esdras – que les Juifs pieux révèrent à l'égal de Moïse – édicta la dissolution des mariages contractés avec des femmes étrangères, y compris des Samaritaines [ qualifiées de ] Cuthéennes [ épousées ] durant leur exil. » [ ... ]

Mais comment Poliakov peut-il alors dater « le schisme définitif » à la fin du IIe siècle avant l'ère chrétienne quand Hyrcan détruisit Samarie « de fond en comble » si Esdras avait déjà séparé les Juifs des Samaritains depuis quatre siècle ?

[ « Le schisme [ ... ] ne date nullement du retour de l'exil babylonien, il ne commence à s’esquisser que deux siècle plus tard, c'est à dire en cette deuxième moiter du IVe siècle au cours de laquelle Alexandre le Grand détruisit l'Empire perse [ ... ] » ]

« [ ... ] des discussions continuent à se poursuivre autour de l'emplacement du premier sanctuaire : mont Garizim ou mont Ébal ?

« L'état de la question est bien résumé dans un récent recueil consacré aux Samaritains, ouvrage collectif dans lequel le Pr Siergio Noja en vient à conclure :

« Compte tenu de ce que dans la « Vetus Latina » – la [ première ] traduction latine de la « Septante » – on lit Garizim à la place d'Ébal dans le chapitre 27 du Deutéronome, il est concevable que l'altération du texte massorétique fut tardive, [ ... ]

« [ ... ] et que ces exemples sont des vestiges du texte originel, qui connectait correctement les bénédictions à Garizim et les malédictions à Ébal.

« En ce cas, le texte samaritain serait le bon, un point sur lequel tout un chacun est maintenant [ en 1989 ] plus ou moins d'accord. » [ ... ]

Le grand rabbin Moses Gaster reste plus équanime dans le livre qu'il consacre en 1925 :

« Les scribes judéens avaient [ ... ] le soin et l'habitude d'éviter toute mention d'une montagne se posant en rivale de la sainteté du mont Moriah [ censé surplomber Jérusalem ].

« De la même façon, il ne faut pas s'attendre à trouver dans les chroniques juives le moindre verset favorable aux Samaritains ni, à l'inverse, dans les écrits samaritains quoi que ce soit de favorable aux Juifs. [ ... ] » [ ... ]

« Selon les Samaritains, le tabernacle ou sanctuaire fut établi à l'époque de Josué, qu'assistait le grand prêtre Éléazar, et on le transporta sur le mont Garizim et non, comme le prétend notre texte massorétique, sur le mont Ébal. » [ ... ]

« [ ... ] les Juifs ont [ ... ] refusé aux Samaritains d'assurer avec eux le culte au mont Garizim et non l'inverse [ ... ] » – cf. Esd IV 1-3

Cf. Léon Poliakov – Les Samaritains – Des origines aux persécutions de l'empereur JustinienLes origines (1991)

   

    

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